Discussion d'avenir [PV: Suzuran Omamori]

Saya était fatiguée. Somnolente, elle était portée par un hanteur. Saya lui avait demander de la mener vers Suzuran. Elle semblait si faible et petite lorsqu'ils la portaient. La finesse de son corps ressortait à coté des gigantesques gardes. Arrivés à la bibliothèque, le hanteur la réveilla et la posa sur une chaise, Suzuran était juste à côté en train de lire. La nuit blanche qu'elle avait passé l'avait épuisée. Il devait être environ 9h du matin. Saya supportait mal le manque de sommeil. Elle resta un moment sans bouger, la tête sur la table. Au bout d'un certain temps, elle releva enfin la tête. Ses cernes n'étaient pas aussi puissantes que celles de Suzuran, cependant, elles étaient tout de même très forte. Saya ouvrit enfin les yeux, toujours la tête posée sur la table et la fixa droit dans les yeux.

"J'ai rencontré un garçon. Il est beau et amusant. Comme je l'imaginais, une résistance se forme. C'est génial... Laissons les grossir un peu, ensuite... on pourra jouer comme des folles. Je suis désolée de t'avoir emprunté le livre la dernière fois au fait. J'ai trouvé une formule intéressante. Elle pourrait te plaire pour tes constructions car tu dois manquer de matériaux."

Elle sortit un calepin et lut les quelques notes.

"Nos hommes ont fini de déblayer la ville centrale, les gravats pourront être utilisés pour les constructions"

Saya sourit, l'air rêveur et referma les yeux.

"Nous aurons fini la rénovation dans un ou deux mois. C'est encourageant. J'ai tellement hâte. Cependant, il y a juste une chose. J'aimerais savoir où vit la résistance... Je retournerais voir ce garçon. Kyo... Kyo quelque chose... Je ne m'en souviens plus... Il est naïf... Je crois que je l'ai énervé en tuant 3 de ces hommes mais je n'ai pas résisté... C'était tellement drôle"

Malgré la fatigue, Saya eut un léger rire.

La bibliothèque … encore un lieu fréquenté par Suzuran. Son bureau – la bibliothèque – accessoirement la salle de bain et les toilettes; elle ne faisait que ces trajets. Et ceux ci devenaient des véritables parcours du combattant pour l'Impératrice, qui semblait devenir de plus en plus pâle et squelettique de jour en jour. Elle n'allait pas manger avec Saya; refusait qu'on la dérange lors de ses études et ne s'alimentait donc plus. A bout, elle avait fini par tester sur elle-même l'une des formules du livre : elle s'était sentie mieux et depuis, ne vivait plus que de ça. Mais le sommeil manquait toujours, cependant l'Impératrice refusait de s'arrêter.

Elle n'avait donc pas dormi depuis trois jours, étudiant une formule : le sommeil serait sa récompense.

Saya, portée par un Hanteur, entra dans la bibliothèque; elle était comateuse, Suzuran aurait voulu s'en inquiéter mais elle n'en avait pas la force. Aussi se contenta-t'elle de la regarder du coin de l'oeil, tandis qu'elle griffonnait sur une feuille une pseudo explication à une pseudo formule.

Saya enfin prit la parole.

"J'ai rencontré un garçon. Il est beau et amusant. Comme je l'imaginais, une résistance se forme. C'est génial... Laissons les grossir un peu, ensuite... on pourra jouer comme des folles. Je suis désolée de t'avoir emprunté le livre la dernière fois au fait. J'ai trouvé une formule intéressante. Elle pourrait te plaire pour tes constructions car tu dois manquer de matériaux. Nos hommes ont fini de déblayer la ville centrale, les gravats pourront être utilisés pour les constructions. Nous aurons fini la rénovation dans un ou deux mois. C'est encourageant. J'ai tellement hâte. Cependant, il y a juste une chose. J'aimerais savoir où vit la résistance... Je retournerai voir ce garçon. Kyo... Kyo quelque chose... Je ne m'en souviens plus... Il est naïf... Je crois que je l'ai énervé en tuant 3 de ces hommes mais je n'ai pas résisté... C'était tellement drôle"

Suzuran mit un certain temps avant de digérer les informations de son amie. Premièrement parce que, inhabituée à entendre quoi que ce soit en ce moment, le volume de la voix de Saya semblait trop élevé, ensuite parce que la fatigue lui ravageait le cerveau, lui empêchait toute concentration, toute compréhension. Elle le savait, mais ne voulait pas le reconnaître, et s'entêtait sur le livre alors que peut être le sommeil la sauverait.

Quand Suzuran eut compris, ce qui fut difficile fut de retrouver l'usage de la parole. Ses lèvres, serrées depuis trop longtemps, lui firent mal lorsqu'elle voulut les décoller; elle s'arracha la peau et se mit à saigner légèrement. Elle laissa ce sang couler, sans bouger.

- N'oublies pas que nous avons besoin de main d'oeuvre, dit-elle d'une voix rauque.

Elle replongea dans son livre, les yeux vitreux. Quelque chose la contrariait, en plus : que Saya, en si peu de temps, ait réussi à trouver une formule alors que l'Impératrice y était depuis des jours.

- N'oublies pas que nous avons besoin de main d'oeuvre

"Oui je sais... Je commence à économiser mes hommes."

Après un moment d'observation elle lui prit le livre et l'utilisa pour poser sa tête dessus.

"Ce que tu fais est stupide. D'habitude c'est moi qui fait des choses stupides. Tu ferais mieux de dormir. Je m'occuperais du livre. Pour comprendre, il faut du calme et de l'énergie. Hors, tu n'as plus d'énergie. J'aimerais que tu ailles dormir, je ne t'ai pas croisée pendant le repas. J'aurais aimé qu'on mange ensemble. Grâce à ma formule, on fait de vrais festin maintenant, tu rates quelque chose. Cependant, on risque de finir par manquer de cadavre. Je me demande s'il y a des formules pour créer des mines, des lacs poissonneux ou pleins d'autres chose pour subvenir à nos besoin de façon durable..."

Saya jeta un rapide coup d'oeil aux pages. Avant de reporter son attention sur Suzuran.

"Tu es dans un piteux état. C'est ridicule. On te croirait sortie d'une bagarre. Tu as d'énorme coquard sur les yeux... C'est un nouveau type de maquillage?"

Elle sourit de sa plaisanterie et reprit son feuilletage. Elle inscrit quelques notes sur la formule qu'elle avait trouvé histoire de ne rien oublier et revint à la première page. Sur beaucoup de page, il y avait beaucoup d'éclaboussure. Des éclaboussures de sang. Plus il y en avait, plus Saya pensait qu'elles étaient puissantes. Cependant, il était inutile de se focaliser sur le compliqué. Elle en vit une qui l'intéressait.

"Avant de les prendre au hasard et de t'acharner, choisis en une qui te motive... Et qui te laisse dormir. Et puis... ta cuisine me manque, j'aimerais des maki..."

Elle rêvassait en imaginant son met préféré.

Suzuran l'écouta parler puisque vint un moment où Saya lui prit son livre, elle s'en sentit étrangement mieux, comme soulagée d'un poids, néanmoins elle semblait entendre une voix dans sa tête qui lui disait « Reprends le ! Reprends le ! » et s'en inquiéta. Il y avait vraiment quelque chose ... avec ce livre …

- Ce ne sont pas tes hommes qu'il faut économiser, ce sont les habitants. Ce ne sont pas les Hanteurs qui vont construire les bâtiments, ce sont les habitants. Enfin, propose le à tes serviteurs mais je ne suis pas sure qu'ils apprécient. Quoi que de toute façon … tu as toi même du mal à les considérer comme autre chose que des serviteurs.

La fatigue faisait dire à Suzuran des choses qu'elle n'aurait sans doute jamais dites avant, à part peut être sous l'emprise de l'alcool ou de la drogue … En tous cas elle n'en avait aucun remord, en colère que cette petite prétentieuse lui ait prit son livre, qu'elle était la seule à pouvoir déchiffrer … Car Saya avait dû se jeter sur une simple, alors que Suzuran, elle, ne s'attaquait qu'aux plus compliquées … Là était leur plus grande différence.

- Vous mangez des cadavres … Non merci. Je m'en sors très bien.

"Tu es dans un piteux état. C'est ridicule. On te croirait sortie d'une bagarre. Tu as d'énorme coquard sur les yeux... C'est un nouveau type de maquillage?"

Suzuran lança à Saya un regard noir.

- Classe, hein? Attention, à ce que je vois tu es partie pour avoir le même.

"Avant de les prendre au hasard et de t'acharner, choisis en une qui te motive... Et qui te laisse dormir. Et puis... ta cuisine me manque, j'aimerais des maki..."

- Je n'ai pas le temps. Et puis, tu as dit que tu faisais des festins, alors arrête de te plaindre.

L'Impératrice se leva, se persuadant de sa force physique pour, elle l'espérait, faire ces 5 pas sans faiblir aux yeux de Saya, puis reprit le livre de sous sa tête. Elle revint à sa place et se laissa tomber dans son fauteuil, reposa l'ouvrage ouvert devant elle avec difficulté puis ne bougea plus.

- Parfois j'ai l'impression que les formules de ce livre ne sont pas les mêmes selon que ce soit toi qui les lit ou moi.

Car elle, jamais elle n'en avait trouvée une de simple, d'explicite. Tout était toujours caché derrière une tournure de phrase, une figure de style, quelque chose auquel elle devait réfléchir des heures, vérifier le sens de chacun des mots.

...D'accord, Saya avait gagné. Suzuran irait se coucher cette nuit. Et elle demanderait à Kensaku de surveiller son sommeil. Car cette fatigue même lorsqu'elle allait se coucher … ce n'était pas normal.

- Ce ne sont pas tes hommes qu'il faut économiser, ce sont les habitants. Ce ne sont pas les Hanteurs qui vont construire les bâtiments, ce sont les habitants. Enfin, propose le à tes serviteurs mais je ne suis pas sure qu'ils apprécient. Quoi que de toute façon … tu as toi même du mal à les considérer comme autre chose que des serviteurs.

"Non! C'est faux, ils sont aussi mes jouets et mes gardes du corps. C'est déjà pas mal non?"

Saya ne se sentait pas vexée. Elle se fichait bien des méchancetés de Suzuran, ce qui l'inquiétait était son drôle d'état. Elle se buttait à des formules compliquées c'était ridicule. Autant commencer par le plus simple. Saya aurait bien aimé qu'elle lui laisse le livre. Pour elle il s'agissait plus d'un jeu...

- Classe, hein? Attention, à ce que je vois tu es partie pour avoir le même.

"Je n'ai pas vu le temps passer en jouant avec hum... Kyo truc!"

- Parfois j'ai l'impression que les formules de ce livre ne sont pas les mêmes selon que ce soit toi qui les lit ou moi.

"Forcément. Tu commences par le plus dur. Comment veux-tu comprendre le compliqué si tu n'as pas compris les simples. En réalité, je me demande si les simple servent à quelque chose"

Elle s'approcha et lui montra pour s'expliquer.

"Tu vois cette phrase est reprise deux fois dans le livre. Une fois simplement, une autre au milieu de formules syntaxiques compliqués. Commence par déchiffrer la simple, et tu auras un morceau de la compliqué. Il y a énormément de doublons. Tu comprends maintenant quand je te dis que tu manques de sommeil? En plus ne cherche pas à comprendre mot par mot ou phrase par phrase dés le début... Ce sont comme ces horribles poèmes qu'il y avait au lycée... Qu'on détestait. Tu le lis d'une traite et tu essayes, sans le relire, de deviner de quoi ça parle. Une fois que tu as le thème, tu peux t'y mettre plus sérieusement car les figures de style paraitront plus claires."

Saya n'avait rien trouvé de simple et s'explicite. Elle avait simplement utiliser cette méthode et remanié la formule. Cela suffisait amplement, la preuve, elle arrivait à trouver des formules plus rapidement que Suzuran.

"Voudrais-tu que je demande à quelqu'un de te faire un grog? Comme ca tu serais assomée et ca te ferais du bien. Ne crois pas que j'essaye de te saouler hein? Je veux juste être sure que ton sommeil sois profond. Si tu n'y vois pas d'inconvénient... J'aimerais te surveiller aussi. Parce qu'on m'a dit que tu avais dormit. Rarement mais un peu quand même. Sauf que... on a l'impression que tu n'as pas dormit depuis 5 jours et ça m'inquiète. Tu as l'air faible et tu ne pourras rien faire dans cet état là."

"Tu vois cette phrase est reprise deux fois dans le livre. Une fois simplement, une autre au milieu de formules syntaxiques compliqués. Commence par déchiffrer la simple, et tu auras un morceau de la compliquée. Il y a énormément de doublons. Tu comprends maintenant quand je te dis que tu manques de sommeil? En plus ne cherche pas à comprendre mot par mot ou phrase par phrase dès le début... Ce sont comme ces horribles poèmes qu'il y avait au lycée... Qu'on détestait. Tu le lis d'une traite et tu essayes, sans le relire, de deviner de quoi ça parle. Une fois que tu as le thème, tu peux t'y mettre plus sérieusement car les figures de style paraitront plus claires."

L'impératrice refusait que Saya lui parlât ainsi. Elle était bien assez intelligente pour le savoir elle même ! Elle avait toujours été meilleure ! Pour qui elle se prenait, elle, qui jouait toute la journée sans aucun désir de rationalité, aucun désir d’avenir durable ? Elle détruisait plus qu’elle ne construisait. Elle ne servait à rien.

Suzuran sentait que quelque chose n’allait pas : jamais auparavant elle n’aurait pu penser cela de Saya. Et aujourd’hui elle avait les yeux en flammes, elle voulait qu’elle parte, elle voulait même la jeter dehors. Son territoire. SON LIVRE !

"Voudrais-tu que je demande à quelqu'un de te faire un grog?reprit sa petite voix doucereuse et agaçante. Comme ça tu serais assommée et ça te ferait du bien. Ne crois pas que j'essaye de te saouler hein? Je veux juste être sure que ton sommeil sois profond. Si tu n'y vois pas d'inconvénient... J'aimerais te surveiller aussi. Parce qu'on m'a dit que tu avais dormi. Rarement mais un peu quand même. Sauf que... on a l'impression que tu n'as pas dormi depuis 5 jours et ça m'inquiète. Tu as l'air faible et tu ne pourras rien faire dans cet état là."

Suzuran se leva à nouveau, saisit le livre, se planta devant Saya.

- Je n’ai besoin de personne pour veiller sur mon sommeil, merci, fit elle d’une voix sèche. D’ailleurs toi aussi tu ferais mieux de dormir. Je tiens plus debout que toi alors que ça fait des jours que je ne dors pas.

*Qui est la plus puissante, hein, Saya ? Tu as peur, tu as peur parce que c’est moi la meilleure de nous deux… c’est moi qui déchiffrerais ce putain de livre … sans l’aide de personne … Je vais juste le laisser m’imprégner et alors j’y parviendrais …*

- Bonne nuit, fit l’Impératrice en prenant congé et en se dirigeant vers sa chambre.

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